Vous avez sans doute déjà eu la sensation d’avoir des tensions, des « nœuds » ou un manque de souplesse musculaire. Souvent, ces inconforts sont associés aux muscles des épaules, du cou ou du dos et causés notamment par un travail statique prolongé devant un écran (ordinateur, tablette, téléphone) ou à un travail répétitif. Les sportifs peuvent aussi ressentir ces inconforts après des entraînements.
Mais, au fond, qu’est-ce qu’une tension musculaire?
Tout d’abord, il faut savoir qu’un muscle squelettique est composé de fibres contractiles. Pour se contracter et se relâcher adéquatement, ces fibres doivent être suffisamment nourries en sang (vascularisation) et en influx nerveux (innervation). Plusieurs situations peuvent influencer cet équilibre.
Premièrement, les fibres contractiles d’un muscle peuvent être perturbées dans leurs fonctions propres par différentes situations métaboliques affectant le corps entier. Par exemple, la déshydratation ou un faible taux d’électrolytes et de minéraux sanguins peuvent entraîner des crampes musculaires [1]. Lors de ces situations, les protéines responsables de la contraction musculaire (actine et myosine) réagissent de façon anormale et demeurent contractées. C’est ce qu’on appelle une crampe musculaire.
Les fibres contractiles sont également influencées par les enveloppes musculaires, constituées de tissu conjonctif. Aussi appelé fascia, il peut arriver que ce type de tissu manque de souplesse et se rétracte, comprimant les fins réseaux nerveux et vasculaires conduisant aux muscles [2]. L’équilibre sanguin est alors modifié, un peu à la manière de ce qui se produit lors d’une crampe musculaire. Le muscle demeure donc contracté.
Les muscles sont séparés les uns des autres et ont des zones précises d’insertion sur les os (ex : biceps brachial, quadriceps, trapèzes). C’est par le biais de leurs enveloppes conjonctives, les fascias, qu’ils s’attachent sur le squelette. Il faut mentionner que ces fascias se relient tous et forment une unité fasciale. C’est pourquoi une tension fasciale et musculaire peut avoir des répercussions sur d’autres muscles à proximité ou à distance.
De plus, les articulations (formées d’une ou de plusieurs structures osseuses) et les muscles s’influencent mutuellement. Par exemple, si l’articulation de l’épaule manque de mobilité, elle constitue un point d’appui déséquilibré pour les muscles qui s’y attachent. Les muscles et leurs enveloppes fasciales réagiront en se contractant. À l’inverse, un muscle demeurant contracté peut déséquilibrer une articulation, la forçant à bouger de façon anormale.
Enfin, un peu à la manière du sang qui amène des nutriments et draine les muscles, le système nerveux assure de bons messages électriques vers ceux-ci. Les fibres contractiles réagissent en fonction du message de contraction ou de relâchement. Localement, les réseaux nerveux périphériques sont également influencés par les enveloppes fasciales.
Plus globalement, lorsque le système nerveux autonome (SNA) est en mode « défense » (sympathicotonie), il envoie des signaux afin de réagir à un stress. Les muscles squelettiques ont alors l’ordre de se contracter. À l’inverse, lorsque le SNA est en mode « repos » ou « détente » (para-sympathicotonie), il ordonne aux muscles de se relâcher. Le stress, la fatigue, des difficultés de concentration ou un manque de récupération sont des exemples de possible débalancement du SNA. Cela explique donc que, lors de périodes stressantes, vous ayez davantage de tensions musculaires.
En massothérapie, différentes techniques peuvent être utilisées afin d’assouplir les muscles et leurs enveloppes fasciales, d’aider à leur drainage veineux et d’amener le système nerveux autonome dans un état de détente (para-sympathique). De plus, le massage peut avoir une visée globale ou être focalisé sur une zone précise à dégager.
L’ostéopathie permet également une meilleure mobilité osseuse afin que les articulations bougent selon leurs axes normaux de mouvement. De plus, les techniques ostéopathiques libèrent localement et globalement la circulation sanguine, les réseaux nerveux et l’unité des fascias.
En espérant avoir dénoué votre compréhension des tensions musculaires!
Julie Couture-Tétreault D.O.
Sources :
[1] Tortora, G.J., Derrickson, B. (2007). Principes d’anatomie et de physiologie (2ième édition). St-Laurent (Canada). Éditions du renouveau pédagogique inc.
[2] Myers, T., W. (2009). Anatomy Trains, Myofascial Meridians for Manual and Movement Therapist (2ième édition). Londres (Royaume-Uni). Elsevier.